dysphorie-de-sexuation

dysphorie-de-sexuation

Trouble de l'identité ou dysphorie chez l'adolescent né garçon?

Réflexions sujettes à évolutions, publiées à la suite de discussions sur Facebook et à la lecture de l'article suivant: (Lien externe, en Anglais)

 

http://docs.autismresearchcentre.com/papers/2014_DiCeglie_Adolescents_with_Gender_Dysphoria.pdf

 

Cette recherche récente publiée en mars 2014, est une étude préliminaire destinée à examiner la prévalence de traits du spectre autistique chez les adolescents ayant une dysphorie de sexuation ou des troubles de l'identité sexuée ( il n'est pas explicité comment l'échantillon de 35 adolescents, dont 21 nés filles et 14 nés garçons seulement, a été recruté, ni si le diagnostique correspond au DSM-5 ou au DSM IV, ni si il a été opéré un choix en fonction de traits autistiques. Le test a été passé par correspondance, au domicile, sous la surveillance des parents, aussi un grand nombre de variables viennent restreindre fortement la valeur de cette étude, notamment dans l'expression de l'empathie face aux parents...)

Cette recherche tend à montrer une empathie réduite (qualité féminine), que ce soit dans le groupe des DS garçons de naissance ou dans le groupe des filles de naissance, et une systématisation augmentée (qualité masculine) chez les filles de naissance.

La conclusion serait donc que les garçons, filles de naissance, ont un score masculin identique aux garçons de leur âge. Cela est cohérent avec la masculinisation de leur cerveau lié à un excès d'exposition à la testostérone fœtale.

Par contre, pour les Adolescents nés garçons, on trouve un faible score en empathie et un score en systématisation réduit qui pose question.  

La difficulté du diagnostique de la dysphorie de sexuation par rapport aux troubles de l'identité sexuée pose problème de toute manière, très souvent, et effectivement lorsqu'on dialogue avec un 'garçon' ou un 'homme' (de naissance) en demande de réassignation de sexe , on est frappé, dans de nombreux cas, par le manque de féminité évident de la personne, au niveau de sa mentalité, ou même du côté caricatural et rigide de ses tentatives de se donner une contenance féminine. 

Comme il est précisé dans l'enquête, l'abandonnisme doit être pris en compte. En effet, chez les garçons de naissance, la proportion de jeunes qui abandonnent leur demande de traitement hormonal et chirurgical, atteint plus de quatre garçons sur cinq! Autant dire que moins d'une fille née garçon sur cinq aurait réellement une dysphorie de sexuation.

Il est donc impossible sur la petite taille de l'échantillon proposé, alimentant une clinique qui s'est spécialisée dans les troubles de l'identité, de savoir si il y avait un seul enfant atteint de dysphorie de sexuation. En tout état de cause, il est peut probable que la dysphorie de sexuation n'ait représenté plus de 20% de l'échantillon chez les garçons de naissance.

On retrouve ce que l'on constate en clinique; les garçons, filles de naissance sont très peu abandonnistes et sont masculins dans leur fonctionnement, voire parfois systémiques et peu empathiques, tandis que les filles, garçons de naissance, sont rares, féminines, noyées dans une symptomatologie transgenre, qui n'a que peu à voir avec un cerveau féminin.

Si le cas des garçons nés fille dysphoriques paraît assez simple à diagnostiquer, il semble que de fortes améliorations sont à produire dans le diagnostique de la dysphorie de sexuation des filles nées garçons, que l'on ne sait pas bien distinguer des troubles de l'identité sexuée.

Cependant, cette étude conclut que l'on pourrait proposer une voie thérapeutique dans le cadre des troubles de l'identité sexuée, qui serait de tenter d'améliorer le score empathique, ce qui, en permettant une meilleure inclusion au groupe social, favoriserait un 'retour dans le sexe de naissance'. Je dis moi même qu'en suivant les troubles de l'identité sexuée bien avant qu'ils ne se cristallisent à l'adolescence, on ferait oeuvre utile, et que la voie d'une thérapie par l’entraînement de l'empathie, qui fonctionne pour les enfants vérifiant la condition du spectre autistique, est une voie qui peut être séduisante pour les psychologues cliniciens.

Cependant, cela ne peut se faire qu'en différenciant correctement, dysphorie de sexuation, et troubles de l'identité de sexuation, dès l'enfance, car dans le cas de la dysphorie, cette prise en charge serait inutile.

Il y a un problème théorique à cette étude, il reste toujours sous-jacent, surtout au Royaume Uni, actuellement, le problème du genre, que l'on tente de faire accepter comme une variable sociale, et la dysphorie du 'genre', comme une variable de comportement, au même titre que l'homosexualité. Aussi, une telle étude, n'est pas si simple que cela à manier, et peut être reliée à une volonté de ramener la dysphorie dans une sphère psycho-sociale. 

IMG_20140331_012543_edit1.jpg

Il est indispensable de restreindre la définition de la dysphorie de sexuation, particulièrement pour les filles nées sous l'étiquette garçon. Nombre d'études, de théories, fonctionnent par l'amalgame entre la DS au sens strict et les troubles de l'identité sexuée, qui sont de vrais troubles et qui sont très mal pris en compte dans l'enfance, du fait que l'on fait entrer ces troubles dans la variabilité du genre que l'on cherche à imposer politiquement, ces dernières années.

Je suis aussi une autre piste. Chez les adolescents nés garçons, dysphoriques ou en trouble de l'identité sexuée, hors insensibilité aux androgènes, la puberté est un pic intense de production de testostérone. C'est une variable qui devrait être prise en compte dans les études, par l'effet que cela a dans le cerveau, notamment le cerveau des enfants dysphoriques, noyé aussi dans une exposition aux androgènes qui vient transformer leur fonctionnement et modifier leur comportement. 

Quand on sait l'influence des neurotransmetteurs sur le fonctionnement des neurones, et l'influence de la testostérone sur ces mêmes neurotransmetteurs, quand on sait l'influence du traitement hormonal Mâle des adolescents garçons nés fille, on ne peut que s'interroger sur une 'trans-sexualisation inverse' du cerveau qui peut se produire chez une fille née garçon, dont une bonne partie du cerveau va se trouver ainsi en conflit avec sa structure première. Si l'on voulait faire une comparaison frappante, il n'y aurait qu'à imaginer une fille de naissance, fille dans sa tête, à qui on injecterait en masse de la testostérone....

Dans la clinique, ces adolescentes nées garçon, passent la plus grande partie de leur énergie à lutter contre l'apparition de l'imprégnation en testostérone, qui vient submerger leur existence. Ils se trouvent dans une impasse totale, une névrose d'échec. La plupart décrivent des angoisses profondes, des pleurs continuels, des tentatives de suicide, ce n'est pas rien.

Cela ne change pas la structure de leur cerveau, mais cela modifie leur capacité émotionnelle, cela les éloigne de leur capacité empathique, par l'isolement social et affectif que cela provoque, même vis à vis des parents, qui ne sont pas forcément compatissants, ni très empathiques eux mêmes. Le poids de ce pic de testostérone est totalement minoré. Un adolescent replié sur lui, déchiré entre ce qu'il sait de lui et ce que vit son corps, peut-il réussir un test d'empathie? là est la question, d'autant que cette testostérone oblitère réellement les circuits neuronaux de cette empathie.

La question est valable aussi pour une partie des abandonnistes atteints de troubles de l'identité, dont un certain nombre sont peut être dsyphoriques de sexuation, et que l'on risque de retrouver à l'âge adulte en demande de traitement hormonal et chirurgical?

La question concerne aussi certains pédiatres et pédopsychiatres, en France, qui ne veulent pas accepter le traitement par bloquants pubertaires à 13 ans et hormones à 16 ans, arguant de ce pic de testostérone qui va inscrire l'adolescent dans son sexe. Ces praticiens pensent ainsi faire disparaître la dysphorie. Cependant, l'exemple terrible et regrettable des expériences de Money , et l'exemple des enfants intersexués qu'on a gavé de testostérone pour les inscrire dans leur sexe montre que cela ne fait en aucun cas disparaître la dysphorie de sexuation.

La sexuation du cerveau se situe sans doute à un niveau plus profond, structurel, indélébile. La clinique des intersexués ne peut pas être traitée de manière statistique. Le cerveau a un sexe, et on ne peut pas le changer impunément. La clinique le montre, et il faut se prémunir des solutions trop simplistes. Les dysphoriques adultes le savent bien, leur empathie est au niveau de leur sexe vécu, et rejoint. Certaines d'entre eux, femmes, ont même une hyper-empathie qui devrait être étudiée en tant que telle. L'exemple des femmes SIA, syndrome d'insensibilité aux androgènes, qui les fait naître femmes de corps à l'extérieur, bien que sans utérus, et avec des testicules internes, dont les androgènes sont aromatisés en œstrogènes circulants, montrent une empathie sur-développée, à ce que j'ai pu observer. Certaines d'entre elles, se posent la question d'un 'sur-jeu' de leur féminité, après avoir appris leur particularité, mais je ne crois pas que cette empathie++ naisse ainsi sans bases. Dans de nombreux cas d'intersexuation avec une absence partielle ou totale d'action de la puberté, ou dans le cas de SIA partiel, il est noté que le cerveau ou le comportement reste féminin, pendant et après le temps de l'adolescence, l'empathie est féminine et développée. L'absence d'action de la testostérone semble bien dans ce cas, 'conserver' la dysphorie de sexuation, sans provoquer un abandonisme temporaire ou une masculinisation de l'empathie.

La médecine française refuse le traitement hormonal des pré-adolescents et des adolescents, au motif que l'on doit laisser la puberté faire son travail, et que l'on ne connait pas suffisamment les effets des bloquants pubertaires, qui justement pourraient être selon eux, des 'encouragements' à 'changer de sexe'. Si l'on considère le taux d'abandonnistes, ils n'ont pas tort, mais si l'on considère la situation dramatique des dysphoriques qui voient leur sexuation corporelle s'éloigner à grands pas de leur sexuation neuronale, c'est un refus de soins, un délit, un crime. 

Les bloquants pubertaires bloquent temporairement la puberté, ils sont réversibles, il suffit de les arrêter, la puberté reprend son cours.

Dans ce domaine, tout est une question d'âge, et de précision du diagnostique. Il me semblait que le coefficient d'empathie et de systémisation pourrait être une aide, avant la puberté, avant le pic de testostérone, pour aider à déterminer la profondeur neuronale du sexe vécu. Mais, pour l'adolescence, il ne semble pas que ce soient des variables pertinentes.

Il faut de toute manière espérer des IRM très précis permettent de vérifier in situ, la structuration du cerveau, dès l'enfance, et comparer ces structures avec ces coefficients E/S, et le diagnostique de DS ou de troubles de l'identité sexuée.

En ce qui concerne la médecine française, je souhaite que les bloquants pubertaires soient utilisés dès maintenant, moins mauvais moyen de venir en aide aux enfants dysphoriques. Il est notoire que des ados de 16 ans, en France, obtiennent officiellement des traitements hormonaux de l'autre sexe corporel, c'est une réalité, mais 16 ans, c'est déjà bien tard, la testostérone a déjà joué, pour les filles nées garçon, son rôle destructeur, sur la voix, la pilosité, le durcissement des traits, rendant à jamais la vie de ces filles de cerveau, difficile. Il faudra bien un jour prendre la mesure de cette affection dès l'enfance, de manière à assurer des diagnostiques précis, et que les médecins de l'enfance acceptent que dans ces cas, il est indispensable d'avoir recours aux bloquants pubertaires, une attente sans risque de leurs 16 ans, dans le respect du devoir médical de soulager autrui.



10/04/2014
0 Poster un commentaire