dysphorie-de-sexuation

dysphorie-de-sexuation

Psychanalyse, les incohérences.

 

Depuis l'époque de la grandeur de la théorie psychanalytique, on cherche à expliquer la genèse de l'émergence de la personne dans le nuage de particules de l'enfant venant de naître.

Ce n'est qu'une théorie, on l'oublie souvent, elle a été transformée en dogme, et nous en payons encore le prix. Ainsi, Sigmund Freud et bien d'autres, ont pu y projeter leurs propres frayeurs, leur propres croyances, et celles d'un certain monde bourgeois. Une fois posées ces bases théoriques, elles ont inlassablement été répliquées, et il est rare de trouver un document de psychanalyse en Français qui ne cite un passage de Freud. Un vocabulaire spécialisé, conceptuel, est né, une théorie de l'émergence de l'esprit et de ses avatars, qui a élu domicile en médecine, de manière à expliquer ce que le médecin ne pouvait expliquer par la science. Cela a donné une assise et une réputation à ce qui n'est en fait qu'une théorie qui se réplique à l'infini sur les divans.

On le voit pour l'autisme, la psychose, l'hystérie, les rêves, l'homosexualité, ..... La science neurologique remet en cause l'un après l'autre les bastions de cette théorie, montrant qu'elle n'est pas ce qu'elle voulait paraître, une prise de position engagée qui se voulait explicative, démonstrative, par le patient recueil d'éléments épars d'une mémoire reconstituée, faisant de la mère le noyau de tous les traumatismes, et du phallus, le totem de l'âme humaine.

La Mère, Le Phallus, .... cela nous fait dire rapidement, tiens, n'est ce pas cela que l'on veut voir comme point central du sentiment d'appartenir à un autre sexe? .... Nous sommes un super-thème de discours psychanalytique, l'identité, la mère toute puissante, l'image phallique qui féminise qui fait rejeter le pénis comme espoir de virilité... qui fait devenir fille un garçon?... Ou encore, l'identité, la mère rejetant sa fille, la position de phallus devant un père insatisfaisant, qui fait devenir garçon une fille?... Le super thème de la symbiose prolongée ou interrompue, la phase ratée de séparation/individuation, le stade phallique escamoté, lié au déni du père.....

Oui mais voilà, cela ne colle jamais ..... Ou plutôt si, cela existe, bien sûr, une typologie familiale particulière, qui met en état de trouble l'enfant, cela existe, et peut mener à un doute sur sa propre identité quand celle ci s'est construite sur la base de traumatismes. Ce qui ne colle pas, c'est que ces traumatismes, on n'en retrouve pas la trace énergétique. Un traumatisme devrait laisser des traces, une mère toxique devrait laisser dans la construction du psychisme des failles telles, qu'elle restent visibles de l'adolescence à l'âge adulte... Ce qui est le cas dans les troubles de l'identité, un attachement excessif à la mère, une faille identitaire, une dissociation adoration/rejet, une détestation des femmes, ou au contraire une idéalisation de la féminité.... Tout cela se voit pour les troubles de l'identité, et c'est bien la marque énergétique de traumatismes..... Quand à théoriser, on en est encore loin, mais ce qui est frappant, c'est que pour la dysphorie de sexuation, aucune énergie ne vient nous signaler un schéma quelconque de trouble, aucune trace de traumatisme, et pire, pour les jeunes enfants, on a les parents sous la main, et rien n'est retrouvé dans la typologie familiale, rien qui soit un trait commun. Chaque typologie familiale a certes ses tares ou ses qualités, mais on ne retrouve aucune des possibilités théoriques avancées par la psychanalyse.

Telle famille sera permissive, la mère ayant déjà des enfants 'normaux', telle autre famille stricte ne tolèrera aucun écart à la norme des sexes, telle mère est féminine, telle autre prône le féminisme telle autre le rejette, telle autre a été délaissée mais a aussitôt reformé un couple stable, dans lequel le père jour pleinement son rôle, telle famille est une famille où le père a toujours été présent, dans telle autre, le père était absent ou incapable, mais lorsque l'on aborde des familles banales, solides, normales, équilibrées, encore plus difficile d'appliquer une quelconque théorie psychologique, encore moins à psychanalyser ces personnes, sans partir dans des élucubrations, dont est absente la principale donnée, la trace énergétique.

Il est frappant de voir ces enfants heureux, équilibrés dès qu'ils peuvent vivre dans leur sexe, leur langage mobile, leur rire, leur spontanéité. Il manque une source énergétique, qui viendrait bloquer leur possibilité d'expression, assombrir leur équilibre, moduler leur mobilité intellectuelle, leur expression.... pas de monomanie, pas de blocage pour se dire, pour se penser et pour se projeter.... Tout d'un enfant normal, pourvu qu'on le considère de l'autre sexe.

Le seul trouble, semble venir de ce qui les nie dans leur sexe vécu, de ce qui les ramène dans le sexe officiel de naissance.

De ce fait, il est indispensable de revoir la considération psychologique des affirmations de sexe vécu, lorsque le suivi psychiatrique a lieu à l'âge adulte et que les parents ne sont pas sous la main pour être analysables.

Le demandant, l'adulte demandant que son sexe physique, soit mis en conformité avec son sexe vécu, se trouve démuni de toute preuve de non traumatisme, sauf d'une chose, l'impossibilité pour le psychiatre de retrouver la trace énergétique qu'il cherche avidement, pour pouvoir se conformer à la théorie psychanalytique, qui signerait un schéma familial défaillant. Pire, même si l'on peut trouver souvent un élément par ci par là, de mère possessive ou de père distant, on ne retrouve pas les éléments cohérents qui signeraient un trouble identitaire.

La dysphorie de sexuation pose donc un grand problème à la psychologie, comme 'l'autisme Asperger', comme d'autres particularités, parce qu'on arrive pas à la faire entrer dans les cases de la théorie psychanalytique.

L'adulte n'a que son histoire pour convaincre. Or, la seule période qui serait intéressante d'un point de vue de l'analyse, serait son enfance de zéro à trois ans, justement cette enfance dont personne ne se rappelle..... Aussi, les psychiatres n'ont guère que leur théorie pour poser des questions , et donc, chercher à tout prix la mère défaillante et le père absent , ou la mère trop féminine et le père défaillant remplacé. Or, un tiers des couples divorcent avant que l'enfant n'ait réellement formé son identité, cela est donc courant, et donc trouver une famille qui vérifie une accusation de dysfonctionnement est assez facile. Beaucoup de mariages sont soumis à des tempêtes, les rôles des parents sont souvent troubles...... Trouver donc des éléments de famille pseudo dysfonctionnelle est fréquent. Par contre la dysphorie est très rare, 0,04 % de la population?.... Ceci n'explique donc pas cela. 

Un autre élément est troublant, la variabilité des possibilités d'identification aux frères et sœurs plus âgés, au jumeau de l'autre sexe gonadique, à un grand parent... : C'est une question totalement escamotée par la psychanalyse: pourquoi la mère reste toujours centrale comme élément symbiotique, alors qu'il est visible que tel ou tel enfant dysphorique a construit la base de son identité sur une autre personne que la mère? Une sœur peut elle être un tiers séparateur, alors que le père est présent, et pourquoi aurait-elle le pouvoir énergétique de féminiser un petit frère?, comment une grand-mère peut-elle remplacer la mère au point de jouer un rôle symbiotique, alors que la mère est présente tout autant pour l'enfant?..... Que de questions, la théorie est muette, tout est toujours rapporté à la mère, comme on le faisait pour l'autisme en son temps.

Il faut reprendre autrement. Comment un même schéma familial fait d'une fille, une fille, et de son frère, un garçon? Comment un même schéma familial fait un enfant conforme à son sexe, et un enfant de sexuation dysphorique? Comment un enfant normal se développe-t-il, dans une famille 'normale', banale, et pourquoi un autre enfant est il dysphorique, dans une famille tout aussi normale et banale?....

...Comment un enfant devient-t-il de son sexe? après tout, cela n'est pas évident! Comment à deux ans acquérir si vite la certitude d'être, cette identité sexuée que l'on ne quittera jamais? Pourquoi une fille, saurait-elle qu'elle est fille? pourquoi un garçon saurait-il qu'il est garçon?

Parce qu'on lui dit, seriez vous tenté de répondre, ou parce qu'il le voit en fonction de son anatomie.... Oui, mais alors, que penser des enfants à qui on le dit, qui le voient, mais vivent un sexe opposé? Est-ce du déni? Est-ce que leur construction identitaire est inversée, malgré des parents présents qui n'ont rien encouragé?.....

Pourquoi donc un enfant qui n'a jamais vu un sexe de sa vie, en dehors du sien, sait à quel sexe il appartient? C'est courant, et pourtant, à trois ans , il sait. Parce qu'on lui a dit, parce qu'on lui a collé une étiquette, et que c'est cette étiquette qui détermine l'identité? : C'était l'idée d'un certain Money aux USA, dans les années 50, une catastrophe. Justement, la résistance des enfants dysphoriques de sexuation à accepter le sexe que les parents ont assigné et entendent faire respecter, montre bien que l'étiquette n'est pas la cause qui ferait qu'un enfant affirme son sexe.

Non, la psychanalyse échoue à donner une explication à la dysphorie de sexuation et n'est plus utilisée pour établir le diagnostique.

La cause de la dysphorie devient alors un mystère pour la psychanalyse? pas tout à fait. Même avec une cause biologique de plus en plus admise, naître avec une sexuation dysphorique entre le cerveau et les gonades, il reste le domaine de l'identification à clarifier, et c'est d'ailleurs une discussion qui touche l'avènement de tout humain, et il reste aussi les troubles que peut engendrer la dysphorie dans le fait de vivre le sexe opposé à ce que dit le corps. Il y a aussi tout un domaine du diagnostique différentiel qui reste d'actualité, et complexe du fait de la possibilité d'une 'co-morbidité', disons de la présence de facteurs de troubles de l'identité, associés à une dysphorie de sexuation. La cause biologique n'annule pas la possibilité d'une famille dysfonctionnelle.

Le processus d'identification est un phénomène autrement plus complexe que ne l'a décrit Freud. Les progrès actuels des neurosciences, les recherches sur la condition Asperger, la différence des cerveaux selon le sexe, il apparaît bien que garçons et filles naissent différents, avec des centres d'intérêts et une capacité à comprendre le monde, qui sont différents selon le sexe du cerveau.

Il apparaît bien que les bébés filles ont une préférence empathique, et que les garçons ont une préférence systémique. C'est une moyenne, avec ses variations et ces inversions, la majorité vérifiant la règle, et une minorité se trouvant à la lisière.

Cela change grandement les données psychanalytiques des théories de l'identification, car les filles ont ainsi une connivence naturelle avec leur mère ou tout représentant féminin suffisamment présent, et le garçon, une connivence naturelle avec le père, ou tout représentant masculin. Cela met en place un aiguillage, présent dès la naissance, hors de toute symbiose, absence ou présence du père. La fille est ainsi à la recherche d'une identification féminine, le garçon, à la recherche d'une identification masculine. On peut même supposer que les parents ne sont pas centraux dans la formation de l'identité, au départ, que c'est le simple exercice quotidien du cerveau empathique ou systémique qui construit sa propre vision du monde, et du soi face au monde, une identification active.

L'identité sexuée serait la découverte que dans le classement des sexes en deux catégories une seule est identique à soi..... cette identité ne serait pas basée sur le sexe physique, mais bien sur les étiquettes, ainsi l'enfant de trois ans qui déclare: "quand je serai grande, je serai une maman", là l'étiquette 'maman' indique que l'enfant ne base pas son identité sexuée sur le sexe physique, mais bien sur la sexuation de son entourage en 'mamans' et en 'papas' et qu'il se sent identique à la sexuation 'maman'.

Ce serait donc, dans ce cas, ce qui amènerait un enfant dont la sexuation est dysphorique, selon le fonctionnement de son cerveau, à s'identifier à l'étiquette des personnes dont le fonctionnement du cerveau est le plus proche, et de se constituer ainsi une identité sexuée à l'inverse du sexe de naissance, mais en conformité avec le sexe de son cerveau.

Ce n'est qu'une théorie de plus, mais elle a l'avantage d'éclairer les découvertes actuelles sur la biologie du cerveau, sur la structuration différente du cerveau selon le sexe.

On a eu trop tendance à considérer le cerveau comme une page blanche qui sert à enregistrer mécaniquement les frustrations, les perceptions, les sons, la vision. Le cerveau est organisé en fait dès sa construction, pour suivre un chemin qui lui est propre, en fonction de sa structure de départ, qui ne varie que peu par la suite. Le cerveau d'un singe ne servira jamais à acquérir le langage. Ce qu'on appelle l'instinct, est inscrit dans la structure du cerveau. Cela est indéniable.

Aussi, le comportement humain, l'identité, le sentiment du rôle que l'on joue en société répond à des structures neuronales qui s'activent préférentiellement, parce que leur structure est surreprésentée selon le sexe neuronal auquel on appartient, et selon d'autres critères structurels.

Cette vision des choses s'oppose clairement à la théorie du genre mobile, de la page blanche et des élucubrations de Money. Un certain nombre d'aspects de la sexuation sont des données de naissance, et non des stéréotypes sociaux.

Actuellement, ces théories sociales sont en passe de remplacer le dogme psychanalytique, et cela est tout à fait nocif, car tout aussi inexact et arbitraire que l'a été la théorie freudienne.

Ces théories ont été mises au point par les sciences sociales féministes, pour prôner une égalité des sexes par la virilisation des femelles et la féminisation des mâles. Or les sexe étant différents, cette théorie politique oppose la majorité des 'sexo typique' à la minorité des atypiques, amalgamés en une catégorie unique, mélangeant allègrement les addictions, les troubles mentaux, les choix sociaux, et les modes vestimentaires. La dysphorie de sexuation y est prise en otage, car assimilée à une variante sociale du genre, ce qui nous ramène tout à fait à la mère dysfonctionnelle et au père absent, et à un choix de vie, voire à un choix de sexualité, ce qui est grave. C'est un incroyable retour en arrière que l'on nous propose là. D'autant que la psychanalyse, de ce fait redevient un mode explicatif, de ce qui redevient un choix d'origine psychologique.

Seule les découvertes qui seront faites sur le cerveau du fœtus in-vivo, sur des études longitudinales à long terme, pourront prouver une origine biologique, et remettre de l'ordre dans les esprits troublés de notre époque.

Si je fais le choix de promouvoir une cause biologique c'est que nous sommes nombreuses et nombreux à avoir vécu notre cerveau de cette manière, sans retrouver de traumatisme particulier et sans trace énergétique qui viendrait déstabiliser la connaissance que nous avons du fonctionnement sexué de notre cerveau. Nous savons notre sexe depuis la prime enfance, c'est comme une ligne de vie, chaque point remarquable est situé sur la courbe, venant en certifier l'origine. L'observation des enfants, dysphoriques de sexuation ou pas, est tout à fait cohérente avec la différence structurelle de vision du monde filles/garçons, même à l'âge de trois ou quatre ans.

Il est même de fait que chaque enfant est différent, de par son intelligence, ses aptitudes, sa vision du monde. Il serait faux de croire que nous sommes égaux par principe. L'égalité se fait par la différence, et la neurobiologie montre ces différences dans la structure même des cerveaux.

Dans ce cadre, il est cohérent que certains enfants dont le sexe gonadique est mâle, naissent aussi fille que n'importe quelle fille, ou que certains enfants dont le sexe gonadique est femelle, naissent autant garçon que n'importe quel garçon.

La théorie consiste alors à tirer les conséquences de ces différences en termes de normalité et non plus de pathologie, et distinguer ce qui est de l'ordre de la variation biologique de la vraie pathologie liée à un traumatisme, un accident de la vie.... ou d'un choix de vie, une mode, une addiction.....

Une enfant dysphorique est autant certain de sa sexuation que l'est n'importe quel enfant typique, qui sait qu'il est un petit garçon ou qu'elle est une petite fille. Il sait très bien que son corps dit le contraire, Le trouble est là, dans la dysphorie entre le sexe vécu, celui dont on est certain, et le corps dont, quand on est petit, on pense encore magiquement se débarrasser, mais que l'entourage impose, créant un trouble supplémentaire, un conflit avec 'les autres', menant à l'isolement social.

C'est ce qui justifie que ces enfants soient reconnus et suivis par la médecine.

 



05/04/2014
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