dysphorie-de-sexuation

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Quelques remarques sur le DSM5 et la Dysphorie de sexuation:

 


Aux États-Unis, la population souscrit des assurances privées pour la santé. Celles-ci ne remboursent que les maladies clairement diagnostiquées, et donc, en matière de psychiatrie, le DSM, manuel élaboré par des psychiatres, est l'inventaire le plus étendu possible de toutes les maladies psychiatriques, et la codification de leur diagnostique. Cela comprend des particularités qui ne sont pas à proprement parler des maladies, mais qui provoquent un trouble dans la vie quotidienne, nécessitant des soins.

C’est le cas de la dysphorie , Gender Dysphoria, dont la définition doit englober toutes les situations d’incongruité forte entre le sexe vécu et le sexe de naissance, et de détresse liées à une opposition entre le sexe des gonades et celui marqué dans le cerveau. (lien vers ma traduction en Français de DS DSM-5) En effet, si la Gender Dysphoria avait disparu de cette classification, il n'y aurait plus eu aux USA, aucune assurance pour prendre en charge les bloquants pubertaires, les hormones, les visites chez le psychiatre, la chirurgie....

Cela explique toutes les précautions qui ont été prises pour choisir les termes, et ne pas hiérarchiser les variantes de La dysphorie. Le terme que j'emploie en français,  sexuation, peut paraitre  contraignant, étant donné qu'on n'a pas encore le moyen diagnostique de vérifier si la sexuation du cerveau est bien opposée aux gonades. Cependant, il est bien expliqué que la dysphorie a une composante biologique, et qu'elle n'est pas sociale, et que donc, l'emploi du mot gender, n'est pas lié à une théorie du gender, mais bien le mot signifiant 'male or female' du point de vue de la désignation sociale du sexe. Je regrette cependant que l'on ait ajouté une sorte de genre intermédiaire, qui est équivoque. Il correspond toutefois à certaines personnes intersexuées physiquement, qui ne se reconnaissent ni dans un sexe, ni dans l'autre. Cela ne signifie pas que le DSM5 parle d'un troisième sexe social, cela signifie simplement que les personnes nées intersexuées qui ressentent une dysphorie de sexuation, mais ne parviennent pas à choisir un sexe , sont tout de même prises en charge en tant que dysphorie.

C'est d'ailleurs la grande nouveauté, maintenant les personnes intersexuées sont prises en compte car exposées à la même dysphorie de sexuation, le cerveau ne suivant pas toujours les gonades, ni le choix des médecins de déclarer l'enfant mâle ou femelle. Cela nous rapproche de la non déclaration du sexe à la naissance pour ces enfants, car c'est le sexe du cerveau qui devrait être pris en compte.

Le DSM-5 est très critiqué, notamment en France. Même non officiel chez nous, le DSM-IV était très utilisé par les psychiatres, car constituant un repère assez pratique, et une sorte de langage commun international de psychiatrie. Il existe une classification française qui n'est pas mise à jour et la CIM, classification mondiale de l'OMS, qui n'a pas la même précision et qui n'est pas à jour.

La sortie du DSM-5 , si l'on s'en tient seulement à la dysphorie de sexuation, est une excellente chose: Ce manuel scelle un terme renouvelé et un concept de particularité qui remplace celui de maladie mentale. Exit le transsexualisme, et ses connotations psychanalytiques. Cette nouvelle définition de critères colle beaucoup plus aux réalités que vivent les personnes qui ne se sentent pas malades, mais vivent une réelle rupture entre ce qu'ils se sentent dans l'essence même de leur être, et une réalité corporelle qu'ils ne nient pas, mais qui les propulse vers une rupture du courage de vivre ainsi.

On ne naît pas femme, on le devient parce qu'on a été une petite fille avant.

Le DSM-5 prend enfin en compte les enfants. La dysphorie de sexuation est à la base de l'identification primaire. Il est donc tout à fait normal que ce qui se rencontre chez l'adolescent ou chez le jeune adulte, se retrouve chez l'enfant. Aussi, ce manuel permet aux médecins de ville, aux pédiatres, aux pédopsychiatres, de prendre en compte le dépistage de présomption de dysphorie dès le plus jeune âge.

C'est un enjeu de santé en France, qui jusqu'à présent était ignoré, voire rejeté. Il n'est pas question de philosophie du genre, ici, et ma traduction évite justement tout amalgame.

La dysphorie de sexuation, prouve au contraire qu'il y a bien deux sexes marqués, deux genres, que ce ne sont pas des stéréotypes, mais bien une structuration indélébile du cerveau, fixée d'ailleurs avant l'âge scolaire. Les neurosciences sont actuellement en passe de le prouver, le cerveau féminin n'a pas la même structure que le cerveau masculin. L'égalité entre les sexes passe par le respect des différences entre les deux sexes, et non pas par le nivellement des genres.

Le DSM-5 a cet avantage de ne pas stigmatiser non plus le choix sexuel, qui a longtemps fait partie des éléments de diagnostique, y compris aux Pays-Bas, dans le traitement des enfants. En France, et ailleurs, on entend encore cette question, posée aux dysphoriques, sur l'attirance sexuelle pour les personnes du même sexe gonadique, comme s'il s'agissait d'homosexualité. Le sexe vécu étant à l'opposé du sexe gonadique, il est évident qu'il s'agit d'une recherche hétérosexuelle, et donc les termes doivent être très respectueux, c'est ce qui est fait dans ce manuel DSM-5.

Le mot de la fin restera à la définition de la dysphorie de sexuation: Une forte incongruité entre le sexe vécu et le sexe assigné, avec toute la souffrance et la désadaptation que cela provoque. En France, il est temps que les enfants soient pris en compte et suivis avec soin. Cela suppose des structures de référence, certes, mais cela suppose aussi une prise de conscience de la part des médecins. Il existe un certain nombre d'enfants qui n'ont pas une véritable dysphorie, mais bien au contraire, il est tout à fait important qu'ils se présentent aussi en consultation, car certains troubles de l'identité gagneront à être traités avant qu'ils ne se cristallisent dans la vie adulte.

CPO.



31/03/2014
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